Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE SATYRICON


DE


T. PÉTRONE


CHEVALIER ROMAIN


__________


CHAPITRE I.

Il y a bien longtemps que je vous promets le récit de mes aventures ; je veux tenir aujourd’hui ma parole. Puisque nous voici réunis, moins pour nous livrer à des dissertations savantes, que pour ranimer par des contes plaisants la gaieté de nos entretiens, profitons, mes amis, de l’heureuse occasion qui nous rassemble. Fabricius Véjento vient de vous entretenir, en homme d’esprit, des impostures sacerdotales. Il vous a peint les prêtres préparant à loisir leurs fureurs prophétiques, ou commentant avec impudence des mystères qu’ils ne comprennent point. Mais[1] est-elle moins plaisante, la manie des déclamateurs ? Entendez-les s’écrier : — Ces blessures honorables, c’est pour la liberté que je les ai reçues ! Cet œil qui me manque, c’est pour vous que je l’ai perdu ! Qui me donnera un guide pour me conduire vers mes enfants ? mes genoux cicatrisés[2] fléchissent sous le poids de mon corps !