Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

phène veut défendre Lycas ; elle en fut bien punie ! Le bruit de notre querelle avait arrêté les passants : je dévoile en leur présence la turpitude de cette femme ; puis, montrant successivement et Giton et moi-même : — Vous le voyez, m’écriai-je ; sa pâleur et la mienne ne déposent que trop contre cette Messaline ! — Atterrés de voir que les rieurs étaient pour nous, nos ennemis se retirent confus, mais jurant tout bas de se venger. Ne pouvant plus douter de la prévention de Lycurgue en notre faveur, Lycas et Tryphène résolurent de l’attendre chez lui, pour le détromper de son erreur. La fête dura jusqu’au soir : il était trop tard pour aller coucher au château. Lycurgue nous mena donc dans une petite maison de campagne, située à moitié chemin. Le lendemain, obligé de retourner chez lui pour ses affaires, il partit sans nous éveiller. En arrivant au château, il y trouva Lycas et Tryphène qui l’attendaient ; ils surent le circonvenir avec tant d’adresse, qu’ils lui arrachèrent une promesse de nous livrer entre leurs mains. Naturellement cruel et sans foi, Lycurgue ne songea plus qu’aux moyens d’exécuter son perfide projet. Il fut arrêté que Lycas irait chercher main-forte, tandis que Lycurgue nous ferait garder à vue dans sa maison de campagne. À peine arrivé, il nous aborde avec autant de sévérité que Lycas lui-même ; ensuite, croisant gravement les bras, il nous accuse d’avoir impudemment calomnié son ami ; puis, sans vouloir même entendre son cher Ascylte en notre faveur, il le pousse hors de la chambre où nous étions couchés, nous y renferme à