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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/77

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double tour, reprend avec Ascylte la route du château, et nous laisse là sous bonne garde jusqu’à son retour. Pendant la route, Ascylte essaya vainement de fléchir l’âme de Lycurgue : prières, larmes, caresses, rien ne peut l’émouvoir. Il rêve alors aux moyens de briser nos fers. Outré de la dureté de Lycurgue, il refuse dès le soir même de partager son lit, et parvient ainsi à exécuter plus aisément le projet qu’il avait médité. Voyant les gens de Lycurgue ensevelis dans leur premier sommeil, Ascylte charge notre bagage sur ses épaules, s’échappe par une brèche de mur qu’il avait remarquée, arrive avec l’aube du jour au pied-à-terre qui nous servait de prison, y pénètre sans obstacle, et le voilà dans notre chambre. Les gardes avaient eu soin d’en fermer la porte ; mais la serrure n’était que de bois, et n’offrait que peu de résistance : un morceau de fer qu’il y introduisit suffit pour l’ouvrir. En dépit de notre mauvaise fortune, nous dormions sur l’une et l’autre oreilles, et il ne fallut pas moins que la chute des verrous pour nous réveiller. Heureusement ce bruit ne fut entendu que de nous : fatigués d’avoir veillé toute la nuit, nos Argus continuèrent de ronfler comme auparavant. Après un court récit de ce qu’il avait fait en notre faveur, Ascylte n’eut pas besoin de nous montrer la porte. Tout en nous habillant à la hâte, il me vint en idée de tuer nos gardes et de piller la maison. Ascylte, à qui j’en fis part, approuva le pillage : — Mais point de sang, dit-il, si l’on peut sortir d’ici sans en répandre. Je connais les êtres du logis, suivez-moi. — À ces mots, il nous