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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/89

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CHAPITRE XVIII.

Après cette fervente supplication, les larmes de Quartilla recommencent à couler ; de longs soupirs s’échappent de sa poitrine ; elle se jette sur mon lit, qu’elle presse contre son sein et contre son visage. Moi, tour à tour ému de compassion et de crainte : — Rassurez-vous, lui dis-je ; vous n’avez rien à redouter. Aucun de nous ne divulguera le secret de votre culte ; et notre courtoisie, d’accord avec les dieux, saura guérir, même au péril de notre vie, le mal qui vous tourmente. — À cette promesse, Quartilla reprit un peu de gaieté. Elle me couvre de baisers, et, passant des larmes à la joie la plus vive, elle promène une main folâtre dans les boucles de ma chevelure : — Méchants, dit-elle, je fais la paix avec vous ; entre nous, plus de procès. Malheur à vous, si vous eussiez refusé d’être mes médecins ! mes vengeurs étaient prêts, et demain votre châtiment eût expié l’injure des dieux et la mienne.

_____Il est beau de donner la loi,
_____La recevoir est un outrage,
_____Et j’aime à n’obéir qu’à moi.
_____Le mépris est l’arme du sage :
À l’oubli d’une offense on connait un grand cœur :
Le vainqueur qui pardonne est doublement vainqueur.


— Tout à coup, à cet accès poétique, succèdent des battements de mains et des éclats de rire si immodérés, qu’ils nous