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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/91

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elle rentre, et, par son ordre, des inconnus nous saisissent et nous transportent dans un palais magnifique. Pour le coup, muets d’étonnement, nous perdimes entièrement courage, et, dans notre malheur, nous crûmes notre mort résolue.


CHAPITRE XX.

— Au nom des dieux, madame ! m’écriai-je, si l’on en veut à notre vie, qu’on nous l’arrache d’un seul coup ! Quelque coupables que nous puissions paraître, nous ne méritons pas de périr dans de pareilles tortures. — Pour toute réponse, Psyché (c’était la suivante) étend sur le parquet un élégant tapis, et, par ses caresses, tente de réchauffer mes sens mortellement engourdis. Pendant ce temps, Ascylte se tenait la tête cachée dans son manteau. Le malheureux n’avait que trop appris à ses dépens ce qu’il en coûte parfois aux curieux ! Bientôt, tirant de son sein deux rubans, Psyché nous en attache tour à tour et les pieds et les mains. — À quoi bon, lui dis-je, me garrotter ainsi ? Pour arriver à ses fins, votre maitresse choisit mal ses moyens. — D’accord, répondit-elle ; mais j’ai sous la main un spécifique plus prompt et plus sûr. — À ces mots, elle apporte un vase plein de satyrion. Tout en folâtrant et en débitant mille contes plaisants, elle m’en fait avaler les trois quarts ; puis, se rappelant la froideur d’Ascylte à toutes ses avances, elle lui jette le reste sur le dos, sans qu’il s’en