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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/92

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aperçoive. Ascylte, voyant que la conversation languissait : — Et moi ? dit-il ; me trouvez-vous donc indigne de boire à cette coupe ? — Trahie par un sourire qui m’échappa, Psyché répond en battant des mains : — Jeune homme ! le vase était à ta portée ; tu l’as vidé seul jusqu’à la dernière goutte ! — Bon ! reprit Quartilla ; Encolpe n’a-t-il pas bu toute la dose ? — Cette plaisanterie nous fit rire par son à-propos, et Giton lui-même ne put tenir plus longtemps son sérieux. La petite fille, se jetant alors au cou de cet aimable enfant, l’accabla de baisers qu’il reçut de fort bonne grâce.


CHAPITRE XXI.

Encore si, dans notre malheur, il nous eût été libre d’appeler du secours ! Mais, d’abord, personne n’était là pour nous défendre ; et puis, dès que je faisais mine de vouloir crier, Psyché, saisissant l’aiguille qui soutenait sa coiffure, m’en piquait impitoyablement les joues, tandis qu’armée d’un pinceau imbibé de satyrion, la petite fille en barbouillait le pauvre Ascylte. Pour nous achever, entre un de ces baladins qui se prostituent pour de l’argent. Sa robe, d’un vert foncé, était relevée jusqu’à la ceinture ; tantôt ses reins, agités de lascives contorsions, nous heurtaient violemment ; tantôt sa bouche infecte nous souillait d’affreux baisers. Enfin Quartilla, qui présidait à notre supplice, une verge de baleine à la main, et la robe retroussée, touchée de nos souffrances, fit signe qu’on nous donnât quartier. Nous jurâmes, par tout ce qu’il