Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeune fille n’était rien moins que triste : elle avait entendu sans pâlir le mot d’hymen. Pour laisser le champ libre aux combattants, nous restâmes sur le seuil de la porte. La curieuse Quartilla l’avait laissée malicieusement entr’ouverte, et son œil libertin contemplait avec avidité les ébats du couple novice. Bientôt, pour me faire jouir du même spectacle, elle m’attire doucement à elle ; or, comme dans cette attitude nos joues se touchaient, cela lui donnait de fréquentes distractions, et de temps en temps elle tournait la bouche de mon côté pour me dérober un baiser furtivement. Las des importunités de cette femme, je songeais à m’en délivrer par la fuite. Ascylte, informé de mon dessein, l’approuva beaucoup ; c’était aussi sa seule ressource contre les persécutions de Psyché. Rien n’était plus facile, si Giton n’eût été enfermé avec Pannychis ; mais nous voulions l’emmener pour le soustraire à la lubricité de ces Messalines. Pendant que nous cherchions quelque expédient, Pannychis tombe du lit ; entraînée par son poids, Giton la suit dans sa chute. Heureusement, il en fut quitte pour la peur ; mais, blessée légèrement à la tête, Pannychis jette les hauts cris. Quartilla, effrayée, vole à son secours ; nous de détaler aussitôt vers notre auberge ; et bientôt, étendus dans nos lits, nous passâmes à bien dormir le reste de la nuit. Le lendemain, au sortir du logis, nous rencontrâmes deux de nos ravisseurs : Ascylte en attaque un avec fureur, et l’étend à terre grièvement blessé ; puis il vient aussitôt m’aider à presser le second ; mais il se défendait si bravement, qu’il nous blessa l’un et l’au-