VI
CONCLUSION
Si les hommes qui font le métier que j’ai essayé de dépeindre sont dignes de secours, j’espère que mon récit l’aura suffisamment prouvé. J’ai cependant peur d’avoir trop présenté comme des brutes mes anciens compagnons, alors que mon but était d’appeler sur eux la sympathie des gens heureux et fortunés. Que voulez-vous ? ceci est une histoire qui n’a rien de composé et tout mon effort a porté sur l’éclaircissement de mes souvenirs. J’aurais d’ailleurs cru trahir ma cause en substituant l’avocat au simple narrateur et je suis convaincu que tout bien qu’on obtient, même pour autrui, au prix d’une altération de la vérité, est en définitive un mal. Et puis, je vous l’ai dit à plusieurs reprises, la campagne fut exceptionnelle ; si j’avais à vous raconter celle que je fis l’année suivante, je vous présenterais, dans un cadre tout à fait semblable, des hommes encore capables de rudesse et de dureté de cœur, mais capables aussi d’humanité et de pitié ; et