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FREYSCHÜTZ
III.

Voici venir l’amant joyeux.
À l’ombre de ce voile,
De son bonheur, oui, ces beaux yeux
Seront sa chaste étoile.

(Reprise du refrain en chœur.)
(Elles dansent en rond.)
RÉCITATIF.
agathe

« De tous vos vœux mon cœur est pénétré.

(À part.)

Oh pourquoi dans mon âme une crainte fatale ?

annette, aux jeunes filles.

Allons ! par nous que son front soit paré
De la couronne nuptiale.

Le chœur reprend le refrain.

(Pendant ce temps, Annette coupe le cordon qui tient la boîte qu’elle a apportée. Annette se met à genoux devant Agathe et lui présente la cassette.)

agathe, effrayée.

Ô ciel !

(Toutes les jeunes filles qui s’étaient avancées reculent avec effroi.)
annette, tressaillant.
(À part.)

Grand Dieu ! la couronne de mort !
Comment et par quelle méprise ?

(Haut.)

Allons ! on aurait tort
De s’effrayer ! Oui, par la vieille Lise
L’erreur sans doute fut commise.

(À part.)

Mon triste cœur se brise !

(Elle referme la boîte et la met à l’écart.)
(Les jeunes filles se regardent d’un air réfléchi.)
agathe, les mains jointes et le front baissé.

Si le ciel me parlait par ce signe de deuil !
Ô fleurs, ornerez-vous l’autel ou le cercueil !

annette, aux jeunes filles.

Mais que faisons-nous donc ? oh ! la bonne pensée !

(Elle retire du vase les roses blanches et en fait tomber l’eau.)

Avec ces roses-là que pour la fiancée
Soudain par nous
Une guirlande soit tressée !

(Elle arrange les fleurs en chaperon sur la tête d’Agathe.)

À merveille !

(Aux jeunes filles.)

À merveille ! On attend, c’est l’heure ; hâtez-vous.

(Les jeunes filles sortent sur la reprise du refrain)



Scène IV

CHANGEMENT DE DÉCOR.
Le théâtre représente une contrée pittoresque. D’un côté, au fond, les tentes de chasse du prince, dans lesquelles sont les hôtes de distinction et les courtisans, le chapeau orné de feuillages verts. Tous sont à table. — De l’autre côté, assit à terre, les piqueurs et batteurs prenant ainsi leur repas. Derrière eux, en un grand tas, amoncelés les uns sur les autres, des cerfs, des sangliers, des bêtes fauves et du menu gibier.
OTTOKAR, dans la grande tente et tout à fait au bas, KOUNO, MAX, près de Kouno, mais pourtant en dehors de la tente, appuyé sur son fusil ; vis-à-vis, GASPARD aux écoutes derrière un arbre ; ensuite AGATHE, ANNETTE, l’Ermite, les Filles d’honneur et une foule de Villageois.
chœur des chasseurs.
I.

Plaisir de la chasse
Que rien ne surpasse,
Ranime l’audace
Qui brûle en nos cœurs !
L’ardeur que nous donne
Le cor qui résonne,
Jamais n’abandonne
Les braves piqueurs !
Courir dans la plaine
Le cerf hors d’haleine,
Chanter à voix pleine,
Toujours sans effroi
Le soir au bois sombre
Vider, sous son ombre,
Des coupes sans nombre,
C’est digne d’un roi !
Joho ! tra la, la !

II.

La nuit solitaire
Qui couvre la terre,
Au sein du mystère
Fait tout oublier,
Guider la poursuite
Des chiens qu’on excite
Traquer dans son gîte
Le noir sanglier ;
Courir dans la plaine, etc., etc.

DIVERTISSEMENTS
Après les divertissements, RÉCITATIF.
ottokar, se levant.

« Faisons trêve au banquet ! Au tir je vous invite,
Brave Kouno, votre gendre me plaît.

kouno

Votre Altesse est trop bonne !

gaspard, à part.
(Il parle bas à Max.)

Votre Altesse est trop bonne ! Où donc est la petite ?
Samiel ! à moi !

(Il grimpe sur l’arbre.)
ottokar, à Max.

Samiel ! à moi ! Qu’un éclatant haut fait
Justifie en ce jour leur choix et mon bienfait !

kouno

Prince, croyez qu’il le mérite !

max, à part.

Dieu ! si ma main tremblait…

ottokar.

Je ne vois pas la fiancée ?