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FREYSCHÜTZ

kouno

Daignez permettre, monseigneur,
Que l’épreuve sans elle soit commencée :
L’émotion redouble au moment du bonheur.

ottokar

Volontiers !

(Bas.)

Volontiers ! Ah ! sans doute,
À pareil jour nos cœurs battaient aussi !

max, à part.

Ah ! te voici,
Instant que je redoute.

(Il tient une balle.)

Ô toi qui dans ma main pèses plus d’un quintal,
Plomb enchanté ne me sois pas fatal !

(Il charge son fusil avec précipitation.)
ottokar

Jeune chasseur, sois prêt !

(Après avoir promené ses regards autour de lui et indiquant du doigt.)

Jeune chasseur, sois prêt ! Tiens ! cet oiseau !… qu’il tombe !

max, armant son fusil.

Cette colombe blanche ?

(À part.)

Cette colombe blanche ? Oh ! soutiens-moi, mon Dieu !

ottokar

Allons, courage !

(Max, met en joue.)

Allons, courage ! Feu !!!

(Au moment où il va tirer, Agathe sort d’entre les arbres avec ses compagnes.)
agathe, accourant.

Arrête… c’est moi !… la colombe !!!

(L’oiseau s’envole et gagne l’arbre où est monté Gaspard, qui en descend avec précipitation. — Max, le fusil tendu, suit l’oiseau en visant. Le coup part, la colombe s’envole. — Agathe et Gaspard crient et tombent. On accourt, on prend Agathe, on l’emporte.)

FINALE.
ANNETTE, OTTOKAR, MAX, KOUNO, au fond.
Le chœur, se tenant divisé par groupes et paraissant inquiet
en contemplant Agathe et Gaspard
.)

Ô terreur !
Il l’a frappée au cœur !
Qu’a donc Gaspard le chasseur ?
De regarder nous avons peur !
Destin perfide,
Horreur !
Le regard de larmes humide
Est glacé par la stupeur ;
Sur ce front déjà livide
C’est la mort et sa pâleur.

(On apporte Agathe sur le devant du théâtre et on la pose sur un banc.)

agathe, revenant peu à peu.

Où suis-je ?
Pourquoi souffrir ainsi ?

annette

Reviens à toi !
Sauvée ! ô Dieu, soyez béni !

le chœur, max et kouno

Ah ! quel heureux prodige.
Vient nous la rendre ici !
Ô ciel clément, merci !

gaspard, se traînant.

Ah ! c’est la mort, oui… je la vois !
Le ciel l’emporte, hélas ! c’est fait de moi,

agathe, se relevant.

J’existe encor ; l’effroi m’avait troublée,
Au jour enfin j’ouvre les yeux,
De ma douleur me voilà consolée
Et je respire l’air des cieux.

kouno

 :Elle renaît.

max

Elle est sauvée.

agathe

Ô Max, je te revois !

max

J’entends encor sa voix.

tous

Ô ciel clément, merci !

(Samiel paraît près de Gaspard qui le voit seul.)

gaspard

Et quoi ! déjà Samiel ici !
Ta main de fer me brise,
Fils de l’enfer, ma haine te méprise.
Maudit ! maudit le ciel !!!

(Il expire. Samiel disparait.)
le chœur

Quoi ! sa prière est le blasphème !…

kouno

C’est bien la mort d’un scélérat !
Le ciel voulut qu’il expirât
Pour que l’enfer s’en emparât
Chargé du poids de l’anathème

le chœur

Toujours ce fut un scélérat !
Et Dieu voulut qu’il expirât
Pour que l’enfer s’en emparât
Chargé du poids de l’anathème.
C’est bien la mort d’un scélérat.

ottokar

Ah ! que l’abîme l’engloutisse !

(Quelques chasseurs emportent le cadavre de Gaspard)

Et toi, du sombre maléfice
Raconte-nous l’affreux secret ;
Malheur à qui me tromperait !

max

Oui, je mérite ma disgrâce !
Par ce damné je fus séduit ;
De la vertu quittant la trace,
Le désespoir m’avait conduit.
Ces balles,
Franchissant les airs,
Par des cabales,
Sont l’œuvre des enfers.

ottokar

Hors de ces lieux porte ton crime
N’espère plus un chaste hymen.
Du ciel vengeur sois la victime !
Non, non, pour toi jamais sa main