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Extension ou compréhension des classes

26. La logique traditionnelle envisage toute classe à deux points de vue différents, qu’on appelle de l’extension et de la compréhension ; c’est-à-dire qu’elle considère une classe comme l’ensemble des individus qui la composent ou bien comme l’ensemble des propriétés qui la caractérisent.

Dans l’usage commun, on peut remarquer que les deux points de vue alternent sans règles bien précises ; et certaines locutions, qu’on dirait équivalentes, peuvent servir à exprimer tantôt l’intention extensive et tantôt l’intention compréhensive.

Il y a seulement cette nuance, par exemple, entre les phrases arithmétiques « multiple de » et « divisible par ». En effet, lorsqu’on dit, par exemple :

est un multiple de


on affirme que le nombre se trouve parmi les individus qui sont des multiples de , tandis qu’en disant :

est divisible par


on énonce que le nombre a la propriété d’être divisible par .

D’après cet exemple on pourrait dire que, selon qu’on veut se placer à l’un ou l’autre de ces deux points de vue, le langage ordinaire exprime les appartenances par l’une ou l’autre des locutions « est un » et « est ». Cette distinction est bien marquée lorsque la classe est désignée par un seul mot, selon qu’il est un nom commun ou un adjectif ; par exemple :

le narcisse est une fleur


et

le narcisse est blanc


mais, lorsqu’on résume ces deux appartenances en une seule, en disant :

le narcisse est une fleur blanche


c’est la forme extensive qui triomphe de l’intention compréhensive.


27. Leibniz a préféré envisager les classes seulement au point de vue de l’extension ; en effet, il dit qu’une classe est égale à une autre