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Du reste, certains romans de Wells démontrent qu’il a, du présent, une perception singulièrement perspicace, et qu’il sait voir les gens et les choses sous un angle d’indulgente malice ou d’implacable réprobation. Ainsi, alternant avec les histoires fantastiques, parurent ces tableaux de la vie des humbles que pourrait réclamer le populisme : La Burlesque Equipée du Cycliste, L’Amour et Mr Lewisham, L’ Histoire de Mr Polly, Anne Véronique (1) et tant

d’autres.

Après la Guerre dans les Airs, Wells ne touche plus que de loin en loin au merveilleux scientifique : on ne le verra plus que rarement se lancer dans de grands essors prophétiques. Il ramène son attention vers ce qui l’entoure immédiatement. Sa sagacité, sa pénétrante clairvoyance lui font voir les choses telles qu’elles sont. Il arrache les masques ; les traits véritables des « tragi-comédiens de la vie », comme a dit George Meredith, lui apparaissent et il les montre avec un sens aigu du comique, avec une drôlerie, avec un humour divertissants, avec aussi une colère vengeresse contre les hypocrisies, les impostures et les brigandages de la politique et des profiteurs de toute espèce.

Cela ne lui suffit pas. Sa formation scientifique —

premier

son

ouvrage est un manuel de biologie en deux volumes — l’oblige à scruter le problème sous tous ses aspects, et, comme la connaissance du passé lui manque, il étudie les transformations géologiques de la Terre, l’histoire de l’homme, des races, des peuples, des nations, le colossal déroulement de l’activité humaine sous toutes ses formes : il rédige alors une monumentale Histoire du Monde qui se lit « comme on lit un roman ». Elle est le cadre indispensable pour l’étude d’une période quelconque de (1) Ces romans ont été traduits par Henry D. Davray et B. Kozakicwicz, Mercure de France.

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