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l’immortelle.


Tu détournes les yeux ; que ne tends-tu la main ?
As-tu donc tant d’orgueil ou si peu de mémoire
Que tu ne saches plus que la loi de l’histoire
Fait des rêveurs d’hier les sages de demain ?

Par quel sentier certain te crois-tu donc guidée,
Et quel est-il, ce Dieu dont tu tiens le flambeau ?
Où donc est-il écrit que le vrai meurt du beau ?
Et, si le fait est roi, que sera donc l’idée ?

Ineffables parfums des pays inconnus,
Brises de l’infini, confuse certitude,
Vous n’êtes pas devant la logique et l’étude,
Et le pays n’est pas d’où vous êtes venus.

Donc, vous avez menti, rumeurs de la pensée.
Vous n’êtes pas ! Pour être, il faut avoir un nom,
Et, quand la foi nous parle, il faut lui dire non !
Réponds, cœur bondissant, réponds, âme oppressée !