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l’immortelle.


Ce n’est plus qu’un murmure inutile et charmant
Que font ces voix sans lèvre où parlait Dieu lui-même.
Dieu t’a menti, vieillard ; jeune homme, Dieu nous ment,
Même à l’âge où l’on meurt, même à l’âge où l’on aime.

Ô poésie ailée et qui nous vient du ciel,
Langage de l’azur, du vent et de l’espace,
Chant de tout ce qui va, voix de tout ce qui passe,
Doux parler qui se fait comme se fait le miel !

Je m’élève plus haut quand c’est toi qui m’élève,
Mon vol est plus rapide et son sillon plus droit…
Non ! rien n’est aussi sûr que ce que l’âme croit,
Non ! rien ne va si loin que ce que l’âme rêve.

Non ! et tant que le sphinx ne voudra pas donner
Le mot de cette énigme insoluble de l’Être,
Que l’homme, qui parfois se lasse de connaître,
Ne se lassera pas de vouloir deviner ;