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histoires tristes.


Un hasard les amène, un hasard les emporte,
Et le caprice en fait et défait le lien ;
Ce qu’elle est devenue, hélas ! tu n’en sais rien ;
Peut-être qu’elle vit, peut-être qu’elle est morte,
Elle est allé où vQue t’importe ?
Et pourtant, souviens-toi, cette enfant t’aimait bien.

Ô faciles amours de nos jeunes années,
Grandissantes si tôt, si vite abandonnées,
Et qui, dans les chansons, les parfums, les couleurs,
Ont vécu d’un sourire et n’ont pas eu de pleurs,
Elle est allé où vEt sont nées
Et mortes en un jour ainsi que font les fleurs !

Ah ! baisers à l’évent ! cœur qui flambe ! œil qui brille !
Grelot dans un lilas ! beau rire de métal !
Trésors des premiers ans, comme l’on vous gaspille !
Mais, si le rêve est doux, le réveil est brutal…
Elle est allé où vPauvre fille,
Qui songe à toi peut-être en son lit d’hôpital !