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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/26

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celles-là.


Celle que tu nommais jadis ta bien-aimée,
Car, ne fût-ce qu’un jour, tu l’as ainsi nommée,
N’a peut-être pas même une si douce fin.
Y songes-tu parfois qu’elle peut avoir faim ?
Elle est allé où vAffamée !
Elle qui t’a donné le pain de l’âme enfin !

Est-ce qu’en y pensant rien ne brûle ta joue ?
Et peut-être est-ce encor pire que tout cela !
(Qui sait à quel poteau la misère les cloue ?)
Peut-être est-elle où sont les autres que voilà :
Elle est allé où vDans la boue…
Un lambeau de ta vie est pourtant resté là !

Lâcheté de la vie ! oubli ! dédain suprême !
Ainsi donc c’est ainsi qu’elles doivent finir,
Celles que l’on désire et l’on flatte et l’on aime ?
Dans la nuit sans écho du plus sombre avenir,
Elle est allé où vEt sans même
Cette aumône du cœur qu’on nomme souvenir !