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Quand il vint au gouvernail, la tempête étoit cessée ; rien n’arrêta sa marche. Il falloit de la simplicité même pour être mal, & il y réussit. Un court espace de temps le montra semblable à tous ses prédécesseurs. Au lieu de profiter de ces erreurs qui avoient accumulé le poids des taxes dont il n’est pas d’autre exemple dans le monde, il chercha, je pourrais presque dire, il provoqua tous les moyens d’augmenter l’impôt. Visant à quelque chose, sans savoir à quoi, il chercha des avantures dans l’europe & dans l’inde ; & abandonnant les prétentions avec lesquelles il commença, il devint le chevalier errant des temps modernes.

Il est pénible de voir un homme de caractère se perdre ; mais il est plus désagréable encore de se voir trompé. M. pitt n’avoit rien mérité, mais il avoit beaucoup promis. Il avoit donné des marques d’un esprit au-dessus de la bassesse & de la corruption des cours. Sa candeur apparente encouragea les espérances, & la confiance publique, au milieu du cahos des partis opposés, après avoir été ébranlée, se ranima & s’attacha à lui. Mais trompant l’espérance de la nation qui, dégoûtée de la coalition s’étoit fait une grande idée de son mérite il a donné dans des mesures qu’un homme moins appuyé n’auroit jamais osé tenter.

Cet exemple montre que tout changement de ministre ne signifie rien. L’un sort, l’autre entre & toujours l’on suit les mêmes mesures, l’on se livre aux mêmes vices ; l’on fait les mêmes extravagances. Qu’importe qu’on soit ministre, le défaut est dans le système. Le fondement & la structure du gouvernement sont mauvais ; étayez le comme il vous plaira, il tombera également dans le gouvernement de la cour, & s’y enfoncera toujours davantage.

Je reviens, comme je l’ai promis, à la dette