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au lieu de contribuer au maintien de la paix ; l’hérédité en est l’ennemie, & détruit la base même sur laquelle elle semble reposer.

Les querelles des maisons d’York & de Lancaster, pour la couronne, & pour le droit de succession, inondèrent la Grande-Bretagne de sang durant une longue suite d’années. Henri & Édouard se livrèrent douze batailles meurtrières, sans compter les escarmouches & les sièges ; deux fois Henri fut prisonnier d’édouard, qui le fut ensuite de Henri, &, tant le sort de la guerre est incertain, tant on doit peu compter sur l’humeur d’un peuple, quand les disputes de ses chefs n’ont pour objet que des intérêts qui leur sont personnels ! Henri fut conduit en triomphe du sein d’une prison dans un palais, & Édouard obligé de quitter son palais pour fuir chez l’étranger. Cependant, comme les nations ne persistent guère dans les changemens soudains, Henri, à son tour, fut renversé du trône, & l’on rappela Édouard pour le remplacer ; le parlement se rangeant toujours du côté du plus fort.

Cette querelle commença sous le règne de Henri VI, & n’étoit pas encore absolument terminée sous Henri VII, dans la personne de qui les deux familles étoient confondues, c’est-à-dire, qu’elle se prolongea durant un espace de soixante-sept ans ; savoir, depuis 1422 jusqu’en 1489.

En un mot, la monarchie & l’hérédité du trône ont couvert de sang & de cendres, non-seulement l’Angleterre, mais encore le monde entier. C’est une forme de gouvernement contre laquelle la parole de dieu s’élève en témoignage, & le meurtre doit l’accompagner.

Si nous examinons les fonctions des rois, nous trouverons que dans certains pays elles sont nulles, & qu’après avoir consumé leur existence sans plai-