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se, rejette toute fonction héréditaire, comme étant une tromperie faite au genre-humain ; comme étant insuffisante pour la détermination du gouvernement.

On ne peut prouver par quel droit le gouvernement héréditaire a commencé ? Nul pouvoir humain ne peut s’étendre jusqu’au droit de l’établir. L’homme n’a point d’autorité sur les générations à venir, quant au droit personnel, &, par conséquent, nul individu, nul coopération n’a eu, & ne peut avoir le droit de créer un gouvernement héréditaire. Supposez même qu’il nous fût possible de renaître, au lieu de notre postérité, nous n’aurions pas le droit de nous ravir maintenant les droits qui nous appartiendroient dans cette seconde existence. Sur quel fondement osons-nous donc prétendre les ravir aux autres ?

Tout gouvernement héréditaire est tyrannique de sa nature. Une couronne héréditaire, un trône transmissible, sous quel nom absurde qu’on le désigne, ne présente qu’une seule explication raisonnable : c’est que le genre-humain est une propriété transmissible. Hériter d’un gouvernement, c’est hériter des peuples, comme s’ils étoient des troupeaux.

Quant à la seconde assertion que le gouvernement héréditaire est insuffisant pour les données qui rendent les gouvernemens nécessaires, il n’est besoin pour la mettre en évidence, que d’examiner l’essence du gouvernement, & de la comparer avec les chances du gouvernement héréditaire.

Il faut que le gouvernement soit toujours en pleine maturité. Il doit être combiné de manière qu’il soit préservé de tous les accidens auxquels l’homme individuel est exposé. Or, l’hérédité, sujette à tous ces accidens, est le mode de gouvernement le plus imparfait & le plus irrégulier.