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Nous avons entendu nommer les droits de l’homme, systême nivellateur ; mais le seul systême auquel le mot nivellateur soit applicable, est celui d’une monarchie héréditaire. Elle est un systême d’égalisation morale ; elle confère sans distinction, la même autorité à toutes espèces de caractères ; elle met au même niveau le vice & la vertu, l’ignorance & le savoir ; en un mot, toutes les qualités bonnes ou mauvaises. Les rois se succèdent, non point à titre de créatures raisonnables, mais par une filiation purement animale. On ne s’informe ni de leur caractère, ni de leurs facultés intellectuelles. Devons-nous être surpris de l’abjection de l’esprit humain dans les états monarchiques, puisque le gouvernement y est formé sur un niveau d’abjection ? --- Point de caractère fixe. Aujourd’hui un sentiment domine, le lendemain c’est un autre. Il change avec le tempéramment de chaque individu, & par le caractère de chaque successeur. Il prend tour-à-tour les divers attributs de l’enfance, de la décrépitude, de la caducité ; tantôt entre les bras de sa nourrice, puis avec des lizières, on le voit aussi se traîner sur sa béquille. Il renverse l’ordre salutaire de la nature. Il donne à l’enfant, commande aux hommes ; & les fantaisies de cet âge guident la maturité & l’expérience. En un mot, nous ne pouvons concevoir un mode de gouvernement plus ridicule qu’une monarchie héréditaire, sujette toutes ces probabilités.

S’il pouvoit être fait une loi par la nature, ou un décret enregistré dans le ciel & promulgué sur la terre, qui fixât invariablement la vertu & la sagesse dans les castes privilégiées qui se perpétuent sur les trônes, il n’y auroit plus d’objection contre leur hérédité. Mais nous voyons la nature agir contradictoirement à ce systême, comme voulant