objets des persécutions futures, lorsque leur patrie ne leur offriroit plus ni amitié ni sûreté.
L’autorité que la grande-bretagne exerce sur les colonies, constitue un mode de gouvernement qui doit cesser tôt ou tard ; & quelque convaincu que puisse être un homme réfléchi, que ce qu’il nomme la constitution actuelle est purement temporaire, cette conviction sert à l’affliger, & il ne sauroit trouver aucune satisfaction à porter ses regards dans l’avenir : Nous ressemblons à des parens déchus de tout plaisir, dans la triste certitude que le gouvernement sous lequel ils vivent n’est point assez durable pour garantir les propriétés qu’ils laisseront à leurs descendans ; & par un raisonnement très-simple, comme nous prenons des engagemens au nom de la génération qui nous remplacera, nous devons travailler pour elle, autrement nous agirions d’une manière aussi déplorable que honteuse. Afin d’acquérir une idée juste de nos devoirs, élevons nos enfans à notre hauteur, & plaçons-nous quelques années plus avant dans la carrière de la vie. Sous ce point de vue, nous aurons une perspective que nous dérobe maintenant un petit nombre de préjugés & de craintes.
Plusieurs ont l’avantage de vivre loin du théâtre des calamités. Le mal ne se fait pas assez sentir dans leurs habitations pour qu’ils sentent le peu de certitude attachée aux propriétés américaines. Mais supposons-nous pour un moment à boston. Ce séjour de détresse dessillera les yeux ; nous y apprendrons à rejeter sans retour une domination à laquelle nous ne pouvons nous fier. Les habitans de cette ville infortunée, qui, peu de mois auparavant, jouissoient du bien-être & de l’abondance, n’ont aujourd’hui d’autre alternative que d’y rester pour mourir de faim, ou de l’abandonner pour