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bleront pas trop chers. Mais c’est agir sans raison, c’est trahir cruellement la postérité, que de dépenser des millions, simplement en vue d’obtenir l’abrogation de quelques actes méprisables & de renverser les ministres actuels, parce que c’est laisser à nos enfans la grande entreprise à terminer & le fardeau d’une dette qui ne leur sera d’aucun profit. Une semblable pensée est indigne d’un homme d’honneur ; elle est le signe indubitable d’une ame étroite & d’une politique minutieuse.

La dette que nous pouvons contracter ne mérite pas que nous nous y arrêtions, pouvu que l’ouvrage s’accomplisse. Il faut aux états une dette nationale ; c’est un engagement dont tous leurs membres répondent, & lorsqu’elle ne porte pas d’intérêt, elle ne sauroit être onéreuse sous aucun rapport. La grande-bretagne est accablée d’une dette de plus de cinquante millions sterling, qui lui coûte, plus de quatre millions sterling d’interêt. Pour la dédommager, elle a une marine considérable. L’amérique n’a ni dette, ni marine, & toutefois, pour la vingtième partie de la dette nationale de l’angleterre, elle pourroit avoir une marine égale à la sienne. La marine anglaise ne vaut pas, à l’heure qu’il est, plus de trois millions & demi de livres sterling.

La première & la seconde édition de ce pamphlet ne renferment point les calculs suivans, je les y insère aujourd’hui pour prouver la justesse de cette estimation. Voyez l’histoire navalle d’entick, page 56 de l’introduction.

D’après les comptes de m. burchett, secrétaire de la marine, il en coûte, pour construire un vaisseau de chaque dimension, le garnir de mâts, de voiles, d’agrès, & le fournir pour huit mois des provisions nécessaires au pilote & au charpentier,