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la grande-bretagne, nous passons nécessairement pour des rebelles aux yeux des autres nations. Leur tranquillité est compromise par ce spectacle de sujets en armes contre leur souverain reconnu par eux mêmes. Il est vrai que, sur les lieux, nous pouvons résoudre ce problème ; mais l’accord de la résistance & de l’état de sujets, est une idée beaucoup trop rafinée pour les esprits ordinaires.

Quatrièmement, si l’amérique publioit & faisoit passer aux différentes cours un manifeste dans lequel seroient exposés les maux que nous avons soufferts ; & les efforts paisibles que nous avons tentés sans fruit pour obtenir du soulagement ; où nous déclarerions en même-tems que, ne pouvant plus vivre sous la tyrannie de la cour d’angleterre, nous avons été réduits à la nécessité de rompre toute liaison avec elle ; enfin où nous assurerions à toutes ces puissances nos dispositions paisibles à leur égard, & le desir que nous avons de commercer avec leurs sujets ; un pareil mémoire produiroit plus de bons effets pour ce continent qu’un vaisseau chargé de pétitions pour la grande-bretagne.

Sous notre domination présente de sujet de l’angleterre, nous ne pouvons ni être accueillis, ni même avoir audience en europe. L’usage de toutes les cours, est contre nous, & demeurera tel jusqu’à ce que nous ayons pris rang avec les autres nations ; en nous déclarant indépendans.

Ces démarches peuvent, à la première vue, sembler étranges & difficiles ; mais, comme toutes celles que nous avons déjà faites, elles nous deviendront familières & agréables ; & jusqu’à ce que notre indépendance soit déclarée, l’amérique sera dans la position d’homme qui remet de jour en jour une affaire déplaisante, est néanmoins persuadé qu’elle doit avoir lieu, crainte de s’en occuper, le desire, & ne cesse d’être assailli par l’idée de son indispensabilité.