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vent subvenir aux individus ; & par conséquent il est supérieur à ce que l’on nomme monarchie.

Une nation n’est point un corps, que l’on puisse représenter sous l’emblème du corps humain ; elle est plutôt l’image d’un cercle, ayant un centre commun, auquel tous ses rayons aboutissent, & c’est la représentation qui forme ce centre. L’alliage de la représentation & de ce qu’on appèle monarchie, constitue un gouvernement excentrique ; la représentation est elle-même la monarchie déléguée par la nation ; elle ne peut s’abaisser par un partage avec un autre.

M. Burke, dans ses discours au parlement & dans ses ouvrages, a employé deux ou trois fois un jeu de mots, qui ne fait naître aucune idée. Il vaut mieux, dit-il, avoir la monarchie pour base, & le républicanisme pour correctif, que la première pour correctif & le second pour base. S’il veut faire entendre qu’il vaut mieux se servir de la sagesse pour corriger la folie, que de la folie pour corriger la sagesse, nous sommes à-peu près du même avis ; seulement je pense qu’il vaudrait beaucoup mieux rejeter entièrement la folie.

Mais qu’est-ce que M. Burke appèle monarchie ? Voudra-t-il bien nous l’expliquer ? Tout homme est capable d’entendre ce que c’est que la représentation, & de concevoir qu’elle renferme nécessairement une grande variété de connoissances & de talens. Mais qui nous garantira les mêmes avantages du côté de la monarchie ? Ou bien, lorsque cette monarchie est le partage d’un enfant, où se trouve la sagesse ? La monarchie alors a-t-elle la moindre notion du gouvernement ? Où est alors le monarque ; où est alors la monarchie ? Si une régence en est chargée, ce n’est qu’une misérable farce. Une régence est la parodie d’une République ; & la monarchie, dans son ensemble, ne mérite pas une