Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(30)

autre définition : c’est une chose aussi variée qu’il est possible à l’imagination de la peindre ; elle n’a rien du caractère stable qui doit appartenir au gouvernement. Chaque succession est une révolution, & chaque régence est une contre-révolution. La monarchie n’offre, dans son ensemble, qu’une scène perpétuelle d’intrigues & de cabales de cour, dont M. Burke est lui-même un exemple. Pour rendre la monarchie compatible avec le gouvernement, il faudrait que l’héritier présomptif ne passât point par l’enfance, & naquît homme fait, & que cet homme fût un salomon. Il est ridicule que le gouvernement soit interrompu, & que des nations attendent, pour être gouvernées, que des enfans deviennent des hommes.

Mais il est certain que la forme de gouvernement, appellée monarchie, me paraît toujours une institution folle & méprisable. Je la compare à je ne sais quoi qu’on tient caché derrière un rideau, avec beaucoup d’appareil & de bruit, & une grande affectation de solennité ; si le rideau vient à s’ouvrir, & qu’on apperçoive l’objet, on se met à rire.

Rien de semblable ne peut arriver dans le gouvernement représentatif. Comme la nation elle-même, il possède une stabilité constante, soit au moral, soit au physique, & se présente à découvert, sur le théâtre du monde, d’une manière franche & noble. Quels que soient ses avantages & ses défauts, chacun est à portée de les appercevoir. Il n’existe point à l’aide de la fraude, & du mystère ; il ne trafique point de babil & de sophismes ; mais il inspire un langage qui part du cœur, s’adresse au cœur, & se mit en même tems sentir & comprendre.

Il faut fermer les yeux à la raison, il faut dégrader notre jugement de la manière la plus honteuse, pour ne pas voir l’extravagance de ce qu’on entend par monarchie. La nature est régulière dans