Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/52

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& cet usage est si universel qu’on est tenté d’attribuer à ceux qui l’ont établi, une politique plus profonde qu’on ne l’apperçoit au premier coup-d’œil.

Depuis la révolution d’Amérique, & plus encore depuis la révolution de France, le gouvernement britannique a constamment prêché cette doctrine moutonnière de ses devanciers, s’appuyant de faits antérieurs aux nouveaux événemens. La plupart de ces autorités ont pour base des principes & des opinions contraires aux principes reconnus ; & plus leur époque est reculée, plus nous devons les suspecter. Mais on les étaye d’une vénération superstitieuse pour tout ce qui porte le sceau de l’antiquité, de même que les moines tapissent d’un nom de saint les reliques qu’ils font adorer, la multitude se laisse prendre à ce piège. Les gouvernemens témoignent aujourd’hui leur crainte. Que les hommes réfléchissent : ils les portent, par séduction, à suivre les pas de leurs ancêtres, vers le tombeau, de la pensée ; ils amortissent leurs facultés intellectuelles, & détournent leurs regards de la scène des révolutions. Ils sentent que le genre humain s’éclaire plus rapidement qu’ils ne le desirent, & cette politique dont ils usent, en propageant la doctrine des autorités, est le baromètre de leurs craintes. Mais ce papisme politique, semblable à l’ancien papisme religieux, a eu son temps, & tend vers sa ruine. Les reliques déchassées & les vieilles autorités, les moines & les rois auront bientôt le même sort.

Un gouvernement qui s’appuie du passé, sans égard aux principes qui déterminoient alors, est le système le plus détestable que l’on puisse adopter pour la pratique. Dans beaucoup d’occasions, les exemples antérieurs doivent servir d’avertissement & non pas de modèle, & loin de les imiter, il