faudroit prendre leurs conséquences en sens contraire ; mais ce n’est pas la conduite actuelle, on les adopte tels qu’ils sont & on les met en avant pour tenir lieu de constitution & de loi.
Or, cette doctrine est le fruit d’une politique qui tend à contenir les peuples dans un état d’ignorance, ou c’est un aveu manifeste que la sagesse décroît dans les gouvernemens en raison de leur vieillesse, & qu’elle est réduite à s’étayer d’un tel support. Comment les mêmes personnes qui voudraient être crues plus sages que leurs prédécesseurs, montrent-elles en même-temps leur manque de sagesse ? Comme on traite l’antiquité ! tantôt pour faire valoir certaines vues, on la présente comme une période d’ignorance & de ténèbres ; tantôt par d’autres motifs, on l’offre au monde, comme un foyer de lumières.
S’il faut nous conduire d’après ce qu’ont fait nos pères, il est inutile de porter si haut les frais du gouvernement. À quoi bon payer si chèrement des hommes dont les jonctions sont presques nulles ? Si tous les événemens possibles se sont offerts, une législation devient inutile, & le passé, tel qu’un dictionnaire, décidera toutes les’questions. Ainsi, ou le gouvernement est parvenu à l’époque de sa caducité & demande à être renouvellé, ou depuis qu’il existe, toutes les occasions qui pourroient exercer sa sagesse, se sont déjà présentées ; & puisque sa marche est faite, il ne doit plus être si dispendieux.
Nous voyons maintenant dans toute l’europe, surtout en angleterre, le phénomène d’une nation occupée d’un objet, tandis que son gouvernement a les yeux tournés sur un autre, l’un en avant, l’autre en arrière. Si les gouvernemens prennent le passé pour guide, tandis que les peuples tendent à se perfectionner, ils devront à la fin se séparer, & le mieux qu’ils pouront faire,