Là, mettant ces vérités dans tout leur jour, je parle sans déguisement & sans intérêt. Mon langage n’est point dicté par la passion, mais par l’humanité. Non-seulement j’ai rejetté des offres brillantes, parce qu’elles me paroissoient insidieuses, mais je me suis dérobé à des récompenses que je pouvois accepter avec honneur ; ainsi l’on ne doit pas s’étonner que la bassesse & l’imposture me soulèvent le cœur. Mon bonheur est attaché à l’indépendance ; & sans acception de places ni de personnes, je vois les choses telles qu’elles sont. Le monde est ma patrie ; ma religion consiste à faire le bien.
M. burke, en parlant du droit aristocratique des primogénitures, dit que « la loi qui l’a consacré est la sauve-garde permanente de la transmission des propriétés territoriales. Cette loi continue-t-il, & j’en bénis le ciel, par sa tendance incontestable, promet de se soutenir d’une manière imposante. »
M. burke est le maître de donner à cette loi tel nom qu’il lui plaira ; l’humanité, la réflexion impartiale ne la dénonceront pas moins comme l’ouvrage de l’injustice & de la stupidité. Si nos yeux n’étoient pas accoutumés à son exécution journalière, & qu’on nous en parlât comme d’une loi de quelque pays éloigné, nous penserions que les législateurs de ce pays ne seroient pas encore arrivés à l’état de civilisation.
Mais je ne crois point qu’elle se soutienne d’une manière imposante. Sur cet article, mon avis est entièrement opposé à celui de m. burke, elle est attentatoire à la dignité de l’homme : c’est, pour ainsi dire, un brigandage exercé sur la propriété des familles. Qu’elle en impose, si l’on veut, à de serviles tenanciers, elle ne donnera jamais la mesure de notre caractère national, & encore moins du caractère universel de l’espèce humaine. Quant à moi, mes