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SA PART DANS L’ŒUVRE DU XVIIIe siècle.

une vérité nouvelle ou plutôt une face nouvelle de la vérité. Il faut encore (et c’est ici qu’un don particulier, très rare, est nécessaire), il faut savoir la revêtir de la forme la plus expressive, la plus synthétique, et en apercevoir les plus lointaines conséquences. On est surpris parfois de reconnaître que des idées ont traîné par le monde avant qu’un penseur de génie les ramassât, les inventât à nouveau, pour ainsi dire, par le seul fait de les avoir dégrossies, mises sous leur aspect le plus séduisant et dans leur plus vive lumière. En telle matière donc, l’antériorité de la découverte n’est pas le principal mérite et ne justifie pas les plus grands privilèges.

Vauvenargues a tiré de son propre fonds quelques idées qui devaient faire fortune dans son temps ; il en a rencontré d’autres sur son chemin qu’il a relevées, dont il a même commencé le travail, mais dont il n’a pas su tailler toutes les facettes et qui restent à l’état inachevé dans son œuvre.

Je rangerai dans cette dernière catégorie ses vues sur la politique. Elles sont éparses dans ses divers écrits, dans ses Maximes surtout, le temps lui ayant manqué pour les coordonner et les développer. C’eût été, j’imagine, un chapitre du grand ouvrage qu’il projetait sur la Connaissance de l’esprit humain dont nous n’avons que l’Introduction ;