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VAUVENARGUES.

nouveau au ministre, que la lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire, et celle que j’ai pris la liberté de vous adresser pour le roi, n’aient pas pu attirer votre attention. Il n’est pas surprenant, peut-être, qu’un ministre si occupé ne trouve pas le temps d’examiner de telles lettres ; mais, monseigneur, me permettez-vous de vous dire que c’est cette impossibilité morale où se trouve un gentilhomme qui n’a que du zèle, de parvenir jusqu’à son maître, qui fait le découragement que l’on remarque parmi la noblesse des provinces, et qui éteint toute, émulation ?

« J’ai passé, monseigneur, toute ma jeunesse loin des distractions du monde, pour tâcher de me rendre capable des emplois où j’ai cru que mon caractère m’appelait, et j’osais penser qu’une volonté si laborieuse me mettrait, du moins, au niveau de ceux qui attendent toute leur fortune de leurs intrigues et de leurs plaisirs. Je suis pénétré, monseigneur, qu’une confiance, que j’avais principalement fondée sur l’amour de mon devoir, se trouve entièrement déçue. Ma santé ne me permettant plus de continuer mes services à la guerre, je viens d’écrire à M. le duc de Biron, pour le prier de nommer à mon emploi. Je n’ai pu, dans une situation si malheureuse, me refuser de vous faire connaître mon désespoir : pardonnez-moi, monseigneur, s’il me dicte quelque expression qui ne soit