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AMITIÉ DE VOLTAIRE.

pas assez mesurée. Je suis, avec le plus profond respect, etc. »

Il est probable que cette seconde requête, malgré une réponse assez vague d’Amelot, n’aurait pas eu plus de succès que la première, si une influence puissante ne s’était exercée en faveur du jeune officier démissionnaire, celle de Voltaire.

Le protecteur et le protégé ne se connaissaient que depuis peu de temps, et leurs relations forment un des chapitres les plus curieux de l’histoire littéraire du xviiie siècle.

Pendant le court séjour que Vauvenargues avait fait en France pour rétablir ses forces, entre la retraite de Prague et la campagne de Dettingen, il avait eu l’idée d’écrire à Voltaire, qu’il n’avait jamais vu, pour soumettre à son autorité une question de critique qui depuis longtemps, disait-il, le préoccupait, celle de la grandeur respective des génies de Corneille et de Racine. Il reprochait à l’auteur du Cid la recherche des âmes et des situations extraordinaires, le caractère forcé et « supérieur à la nature « de tous ses héros, l’impuissance à « donner de la vie à ses propres inventions », le mauvais goût, l’emphase et la déclamation ; il lui reprochait surtout de s’être inspiré des Latins et des Espagnols, et d’avoir préféré leur « enflure » à la simplicité noble et touchante des « divins génies de la Grèce ». Et il poursui-