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DERNIÈRES ANNÉES.

meilleurs livres que nous ayons en notre langue, après l’avoir lu avec un extrême recueillement. J’y ai admiré de nouveau cette belle âme si sublime, si éloquente et si vraie ; cette foule d’idées neuves, ou rendues d’une manière si hardie, si précise ; ces coups de pinceau si fiers et si tendres. Il ne tient qu’à vous de séparer cette profusion de diamants de quelques pierres fausses ou enchâssées d’une manière étrangère à notre langue ; il faut que ce livre soit excellent d’un bout à l’autre ; je vous conjure de faire cet honneur à notre nation et à vous-même, et de rendre ce service à l’esprit humain. Je me garde bien d’insister sur mes critiques ; je les soumets à votre raison, à votre goût, et j’exclus l’amour-propre de notre tribunal. J’ai la plus grande impatience de vous embrasser. Adieu, belle âme et beau génie. » (13 mai 1746.)[1]

  1. Pour suivre le conseil de Voltaire, Vauvenargues reprit aussitôt son œuvre et en prépara une seconde édition qui parut en 1747. « Je me suis attaché autant que j’ai pu, disait-il dans le Discours préliminaire à corriger les fautes de langage qu’on m’a fait remarquer ; j’ai retouché le style en beaucoup d’endroits J’ai supprimé plus de deux cents pensées, ou trop obscures, ou trop communes, ou inutiles. J’ai changé l’ordre des maximes que j’ai conservées, j’en ai expliqué quelques-unes, et jeu ai ajouté quelques autres…. »
    En 1797, le marquis de Fortia d’Urban, qui avait obtenu de la famille et des amis de Vauvenargues quelques morceaux inédits, entreprit une nouvelle publication des œuvres qui formèrent deux volumes in-12.
    Une quatrième édition suivit bientôt (Paris, 1806, 2 vol. in-8), précédée d’une étude de Suard sur la Vie et les écrits