Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
VAUVENARGUES.

La mâle et noble pensée qui, à l’âge où le commun des hommes prend à peine conscience de sa tâche, avait déjà produit une œuvre digne de tels éloges, allait brusquement s’éteindre.

Depuis son Installation à Paris en mai 1745, la vie de Vauvenargues n’avait été qu’une longue agonie. Le mal dont il souffrait s’aggravait de jour en jour : la consomption le minait ; les plaies de ses jambes gangrenées se rouvraient ; un voile d’ombre descendait sur ses yeux à demi clos ; la mort prenait lentement possession de son corps.

Par surcroît, les soucis matériels s’ajoutaient à ses maux physiques. Il était tombé dans un état voisin de la misère, et il devait en souffrir cruellement, car pour les natures délicates, pour celles qui vivent surtout de la vie intérieure, le pire inconvénient de la pauvreté n’est pas la privation du bien-être, mais le contre-coup qu’elle a sur l’activité de la pensée : la continuelle résistance des choses stérilise les talents les plus féconds et épuise les intelligences les plus vigoureuses.

Il y eut là, à de certaines heures, dans cette modeste retraite de la rue du Paon, un spectacle


    de Vauvenargues. augmentée de quelques papes posthumes et acrompagnée des notes de Voltaire et de Morellet.
    Depuis lors, les œuvres de Vauvenargues ont été souvent réimprimées. La première édition critique est celle de Gilbert (2 vol. in-8o, 1857) ; la plus récente a paru chez Plon, 3 vol. in-16, 1874.