Aller au contenu

Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LA SENSIBILITÉ INDIVIDUALISTE.

Après avoir décrit la sensibilité individualiste dans quelques-uns de ses traits les plus importants, on peut maintenant se demander chez quelle espèce de type humain se manifeste de préférence cette sensibilité.

C’est au type sensitif (M. Ribot) qu’appartiennent incontestablement la majorité des individualistes. Exemples : Benjamin Constant, Vigny, Amiel[1], dans la mesure où ce dernier représente la sensibilité individualiste. L’individualiste est généralement un « sensitif supérieur » (M. Ribot), un contemplatif, un méditatif, un adepte de l’observation sociale et de l’analyse personnelle.

Mais la sensibilité individualiste se rencontre aussi chez ce type mixte que M. Ribot nomme sensitif-actif. Tel est Stendhal. Il ne borne pas son égotisme à l’analyse personnelle. « S’il l’emploie, écrit M. C. Strienski, c’est un moyen dont il use pour ne pas s’égarer dans la chasse au bonheur, et pour lui le bonheur ne consiste pas à se promener avec une langueur dolente dans l’enceinte réduite de son moi : il n’oublie pas de vivre à se regarder vivre. Il ne donne d’attention à son âme qu’autant qu’il faut pour ne pas s’abuser sur ses facultés, pour obtenir d’elles tout le service qu’elles peuvent rendre et ne pas espérer d’elles un service

  1. Amiel est par certains côtés un mystique. — Il est vrai qu’on peut regarder le mysticisme comme une espèce d’individualisme, l’individualisme religieux.