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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/178

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les antinomies entre l’individu et la société

ment la productivité) ; les autres déterminées par la rentabilité des ouvriers (sabotage, prohibition ou destruction des machines, etc.[1]). — Y a-t-il vraiment là une antinomie de l’individu et de la société ? — On doit faire ici, ce semble, une remarque analogue à celle que nous avons faite précédemment à propos d’une opposition d’intérêts relevée par Fourier dans la production. Cette remarque consiste à dire qu’il y a moins ici antinomie de l’individu en tant que tel et

  1. Un autre économiste, M. Vilfredo Pareto, remarque également que les individus composant une société ont certains intérêts communs et certains intérêts contraires, en ce qui concerne la répartition des richesses. « Supposons par exemple qu’une société donnée possède une certaine somme de richesse, répartie d’une certaine manière. La règle selon laquelle s’opère cette répartition ne change pas tandis que la somme totale de richesse augmente ; en ce cas chaque individu recevra plus qu’il n’avait avant et tous auront intérêt à ce que cette somme totale de richesse augmente. Mais si la règle de répartition change, deux phénomènes différents peuvent avoir lieu : 1o avec la nouvelle répartition chaque individu reçoit plus qu’il n’avait avant. Ce cas est semblable au précédent, et tous les individus auront intérêt à ce que l’augmentation supposée de richesse se produise ; 2o les uns reçoivent plus ; les autres moins qu’ils n’avaient avant, En ce cas, il y a évidemment opposition de leurs intérêts, par rapport à l’augmentation du total de la richesse.

    Non seulement la richesse est loin de constituer le seul intérêt que peuvent avoir les hommes, mais même si nous nous bornons à tenir compte de la richesse, la somme absolue qu’en possède chaque homme ne représente pas entièrement ses intérêts, et il y a lieu de prendre en considération l’importance relative des sommes possédées par chaque individu. Ainsi il se fait que, même dans le cas où chaque individu dont se compose la société voit sa richesse augmenter, il se produise une opposition d’intérêts. Certains individus recevant chacun une part minime de l’augmentation de la richesse peuvent préférer ne pas la recevoir pourvu que d’autres soient privés de la part considérable qu’ils auraient à toucher. »

    Vilfredo Pareto, L’Individuel et le social, Genève, 1904, p. 127.