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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/200

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les antinomies entre l’individu et la société

ments : partis, comités, ligues, etc., où l’on pratique le compelle intrare et le compelle remanere et où l’individu indépendant ne peut guère faire entendre sa voix au milieu du bruit tumultueux et confus des voix anonymes.

Que l’on considère les idéologies abstraites élaborées par les théoriciens de la politique ou les formes politiques dans lesquelles s’incarne la volonté générale (État, gouvernement) ou encore les forces politiques qui se disputent le pouvoir (c’est-à-dire les partis, comités, etc.), on trouvera que le désir de conformisme civique est au fond de toute entreprise politique.

Les idéologies démocratiques : souveraineté du peuple, volonté générale, solidarisme, etc., sont, par essence et par définition, unitaires et autoritaires. Elles reposent sur une fiction commode pour les gouvernants tout en flattant la paresse d’esprit des gouvernés. De même qu’en économie, l’intérêt général est une fiction, puisque les hommes ont en réalité des intérêts toujours différents et divergents sur certains points, de même en politique, la volonté générale n’est pas autre chose qu’une entité verbale. — La prétendue volonté générale est au fond celle de l’oligarchie dirigeante ; tous les jeux de la politique n’aboutissant jamais qu’à changer d’oligarchies. L’homme qui a une volonté à lui ne se reconnaît jamais dans la prétendue volonté générale. Et