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l’antinomie politique

portée de tout le monde. Mais il est à prévoir qu’avec l’avènement de majorités de plus en plus compactes, cette situation changera. Le pouvoir des politiciens deviendra de plus en plus omnipotent et il arrivera à être sans frein comme sans contrepoids. Les places et les fonctions publiques seront entièrement à leur discrétion comme cela a lieu déjà partiellement en Amérique.

Le fonctionnaire retombera alors sous une domination unilatérale et ne pourra même plus opposer un arbitraire à un autre. La division des pouvoirs cessant, ce sera la tyrannie parfaite. Nous ne croyons donc, en aucun cas, au rôle libérateur de l’État.

Les politiques libéraux (de Benjamin Constant à Taine et à M. Faguet) ont vu les inconvénients de l’excès du pouvoir gouvernemental et ont été ainsi amenés à prendre en mains la défense des organismes intermédiaires entre l’individu et l’État (grands corps constitués, en particulier corps savants). Mais, ces grands corps sont eux-mêmes imbus de l’esprit unitaire et conformiste. Ils supposent une hiérarchie, une réglementation, une tradition. Ils ne sont pas moins ennemis de l’indépendance individuelle que l’État lui-même.

La solution syndicaliste qui consiste à opposer les syndicats au gouvernement n’est pas beaucoup plus favorable à la liberté des individus. On sait que les syndicats sont des petits États très tyranniques. La