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les antinomies entre l’individu et la société

fédération de ces syndicats constituerait un État syndicaliste qui tolérerait les dissidents et les indépendants encore beaucoup moins que l’État bourgeois actuel.

Enfin, pour terminer par le troisième et dernier point que nous avons indiqué au début de ce chapitre, nous remarquerons que la pratique politique en vigueur dans la démocratie (suffrage universel, parlementarisme, action des partis, des ligues, des comités, etc.) tend tout entière et aboutit à asservir les individus à des groupes, à des mots d’ordre de groupe, à des influences collectives et anonymes.

Le suffrage universel représente une moyenne d’opinion dans laquelle mon opinion personnelle est comme noyée et annihilée. Ma liberté politique se réduit à voter tous les quatre ans pour un candidat que je n’ai pas choisi, qui m’est imposé par un comité que je ne connais pas ; — sur des questions qui ne m’intéressent peut-être pas, alors que d’autres questions qui m’intéresseraient ne sont pas posées devant le suffrage universel.

La classification des partis s’impose à moi toute faite. Tant pis si aucun des partis ne répond à mes aspirations. C’est sur des questions la plupart du temps factices, artificielles, sur de grossiers trompe-l’œil à l’usage de Pécus que se fait le classement des électeurs en deux ou trois troupeaux qui rappellent un peu trop les gros-boutistes et les petits-boutistes