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les antinomies entre l’individu et la société

plus complet des « choses sociales et fausses ».

Il peut y avoir un individualisme qui n’est plus négatif et de pure abstention ou de pure révolte. Ici la liberté ne consiste plus à mépriser les lois ou à se révolter contre elles, mais à essayer d’influer, chacun pour sa part personnelle et selon ses forces et ses lumières sur la confection des lois. Un régime libre, d’après cette conception dont Stuart Mill donne assez bien la formule, est un régime qui permet à chaque citoyen de s’occuper des questions politiques et sociales qui l’intéressent et sur lesquelles il est suffisamment compétent. Cet individualisme admet l’État ; mais il compte surtout sur les associations libres. Un pays où il y a beaucoup de ces associations permet aux individus d’agir sur la législation de l’État sinon directement, comme le citoyen de la cité antique, du moins indirectement par le moyen de l’association dont il fait partie et sur laquelle il peut lui-même exercer une action.

Cet individualisme ne dresse plus, comme le premier, l’individu contre la société dans l’ordre politique. Non seulement il se concilie avec une large participation de l’individu à l’activité politique ; mais il recommande même cette participation. Toutefois toutes les difficultés ne sont pas aplanies. L’individu qui adopte et s’efforce de faire triompher cette conception sociale n’échappe pas aux inévitables conflits entre l’indépendance de l’individu et