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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/217

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l’antinomie juridique

consciences et relègue au second plan l’idée du droit social, sans toutefois la détruire entièrement.

Ainsi, en un sens, les deux idées se supposent et s’entr’influencent ; mais en même temps elles s’opposent, comme Auguste Comte l’a bien vu et cette opposition se retrouve dans tous les problèmes juridiques de l’heure présente. Il s’agit toujours dans ces problèmes, de savoir où cesse le droit de l’individu et où commence celui de la société ou inversement.

Cette limite est indécise et variable et les solutions apportées sont toujours provisoires, contestables et révocables.

Le conflit du droit social et du droit individuel est en perpétuel devenir. La marche du droit, comme celle de la religion et de l’art a été dans le sens de l’individualisme. Dans l’ancienne conception du droit, l’idée de l’institution sociale prime, domine et écrase l’individu de toute sa hauteur. La majesté de la loi ravale aussi bas que possible la faiblesse et l’insignifiance de l’individu. Dans l’Humaine tragédie de M. A. France, un juge dit à l’accusé : « Il te convient de souscrire à la sentence qui te condamne, car, prononcée au nom de la ville, elle est prononcée par toi-même, en tant que partie de la ville. Et tu y as une part honorable comme citoyen, et je te prouverai que tu dois être content d’être étranglé par justice... » — « En effet le contentement du tout comprend et renferme le conten-