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le veuille ou non, la clef qui ouvre toutes les portes. L’énergie sociale par excellence reste toujours le psychisme, non le psychisme collectif dont parle M.  de Roberty[1], mais le psychisme tout court, ou psychisme individuel. C’est ce dernier qui peut seul donner un sens à cette expression de psychisme collectif.

La Psychologie sociale aura ainsi un double objet :

1o Rechercher comment les insertions des consciences individuelles interviennent dans la formation et dans l’évolution de la conscience sociale (Nous entendons ici par conscience sociale l’ensemble d’idées, de croyances et de désirs qui composent la mentalité dominante d’une société et qui imposent aux unités associées un conformisme intellectuel, émotionnel et moral plus ou moins conscient). La Psychologie des grands hommes est ici d’un haut intérêt.

2o Rechercher comment inversement cette conscience sociale agit sur les consciences individuelles. Quelles modifications ou dégradations, parfois dépressions, ce conformisme social exerce-t-il sur les intelligences et les caractères individuels ? Quels sont les effets psychologiques de la solidarité qui unit les unités humaines, que cette solidarité soit professionnelle, économique, religieuse, morale, etc ? — Comme le remarque avec raison M.  Barth, « chaque transformation de la société entraîne une transformation du type humain et des changements corrélatifs dans la conscience des individus qui constituent la société, changements qui réagissent à leur tour sur la société elle-même[2] ». Ces actions et ces réactions constituent l’objet propre de la Psychologie sociale.

Quand M.  Lebon fait la psychologie du socialisme, quand M.  Sighele écrit ses livres sur la psychologie

  1. De Roberty, Morale et Psychologie (Reçue philosophique, octobre 1900).
  2. Barth, Die Philosophie des Geschichte als Sociologie, p. 10.