Aller au contenu

Page:Palante - Précis de sociologie, 1901.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’après M. Novicow, il n’y a point de race immuable. Les petites variations individuelles en s’accumulant produisent des races nouvelles. « On voit que même sans croisements, le type anglo-saxon se modifie aux États-Unis[1]. »

La question de savoir si la décadence des races et des sociétés tient à la panmixie ne donne pas lieu à moins de controverses. M. Tarde remarque que le mélange des races favorise le développement de la faculté inventive. « Loin de se proportionner à son degré de pureté, le degré de génialité d’une race se proportionne plutôt à son degré de complexité, de variabilité, à l’amplitude de ses oscillations autour de son type moyen. Depuis trois ou quatre siècles, les races européennes se mélangent de plus en plus, et loin de s’affaiblir, leur inventivité se déploie… Plus l’évolution se poursuit, plus l’importance du facteur race décroît. Plus nous remontons dans le passé, plus nous voyons chaque grande race nationale se faire sa civilisation ; et plus nous descendons vers l’avenir, plus il nous semble à l’inverse que la civilisation moderne travaille à se faire sa race, à élaborer par la fusion de beaucoup de races distinctes, de nouvelles races mieux adaptées à son déploiement[2]. » Loin de regarder la panmixie comme une cause de dégénérescence, on peut à certains égards la regarder comme un bienfait. Le mélange des races, de même que l’interférence des cultures et des influences sociales dans un même cerveau, produit des individualités plus complexes, plus riches et plus délicates.

Nous dirons maintenant un mot des causes biologiques de la décadence des sociétés.

M. Matteuzzi a insisté sur ces causes. Il en mentionne deux principales dont la première est à la fois

  1. Novicow, Les Gaspillages des Sociétés modernes, p. 169 (Paris, F. Alcan).
  2. Tarde, op. cit.