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chap. LXX, p. 405-407 du tom. 3 de l’édit. de Deux-Ponts) rapporte la même tradition avec plus de détails : Saturne tuait ses enfants pour se soustraire aux menaces de l’oracle qui avait prédit qu’un de ses fils le détrônerait : Rhée cacha Jupiter qu’elle confia aux Curètes du Mont-Ida, dans l’île de Crète : ceux-ci chargèrent du soin de l’élever secrètement, des nymphes qui lui firent prendre le lait de la chèvre Amalthée, etc.

Le même Diodore avait rapporté (liv. III, chap. LXVII, p. 364-366, tom. 2) une ancienne tradition de Thymœtès, contemporain d’Orphée, d’après laquelle Ammon, après avoir épousé Rhéa, fille du ciel et sœur de Saturne et des autres Titans, avait eu secrètement d’Amalthée, la plus belle des femmes, un beau fils qui fut élevé mystérieusement dans une contrée délicieuse, dont Diodore fait la description la plus séduisante : ce fils d’Amalthée était Bacchus ; le pays lui-même s’appelait la Corne d’Hesper à cause de sa configuration et la corne d’abondance à cause de sa fertilité.

Ovide (au V° liv. des Fastes, v. 111-128) a suivi l’autre tradition de Diodore ; il ajoute que la chèvre Amalthée ayant perdu une de ses cornes, une nymphe l’avait ramassée et remplie de fruits et de fleurs pour les offrir à Jupiter ; quand le Dieu reconnaissant mit sa nourrice au rang des astres, il doua la corne d’Amalthée de la faculté de se remplir incessamment de fruits et de fleurs. Le même poète (Métamorphoses, au commencement du liv. IX), donne une toute autre origine à la corne d’abondance : le fleuve Achéloüs racontant lui-même comment, sous la forme d’un taureau, il avait en vain lutté contre Hercule, avoue que le héros lui arracha une de ses cornes : les nymphes, dit-il, relevèrent ce gage de sa défaite et le remplirent de fleurs et de fruits parfumés, et cette corne est devenue la corne d’abondance :

                Naïdes hoc pomis et odoro flore repletum
                Sacrârunt divesque meo bona copia cornu est.

                                                    (Métam. lib. IX, v. 87-88).

D’après Apollodore (liv. II, chap. 7, § 5, p. 96, édit. de Heyne), Hercule rendit à Achéloüs vaincu, la corne qu’il lui avait arrachée dans la lutte ; et le Dieu, par reconnaissance, lui donna en