Page:Palissot de Montenoy - Œuvres complètes, tome 1 - 1778.djvu/228

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me contredire, chère Fatmé, je ne m’en offenserai pas. Après son injuste rigueur, je souhaiterais de lui trouver un défaut.

Fatmé, malignement.

Je veux bien convenir que Zulime est en effet très-aimable ; mais…

Almanzor, vivement.

Je veux bien convenir ! Zulime ne vous est-elle pas bien obligée ? Ne voilà-t-il pas une jolie expression ? En vérité, vous autres femmes, quand vous louez les personnes de votre sexe, vous avez toujours un ton si sec, si aride, qu’il n’est pas possible de vous écouter de sang-froid. Je veux bien convenir !

Fatmé, riant.

Ha, ha, ha, ha, tu peux me contredire, Fatmé ; je ne m’en offenserai pas. Ha, ha, ha.

Almanzor.

Peux-tu me railler, Fatmé, & voir l’état déplorable où je suis réduit ?

Fatmé.

Mais, riche comme vous l’êtes, Almanzor, que ne vous adressez-vous directement au Cadi ?

Almanzor.

Je sais qu’il fut l’ami de mon pere, que ma fortune est égale à la sienne ; & qu’il pourrait peut-