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branche du Më-Nam, le rivage commence à s’élever insensiblement, et, pendant la sécheresse, on rencontre çà et là des bancs de sable où les grosses barques ont de la peine à trouver un passage. En général, les bords du fleuve sont garnis de jolies touffes de bambous et parsemés de nombreux villages. À dix-huit lieues au nord de Juthia, nous trouvâmes une petite ville de 2,000 âmes, appelée Ang-Thong (la cruche d’or). Le gouverneur, auquel j’offris une paire de lunettes, me reçut amicalement, appela ses douze concubines pour me donner un concert de voix et d’instruments, et fit porter à ma barque de la chair de porc, du poisson, des gâteaux et des fruits. Cette province abonde en riz et en poissons ; elle produit aussi un peu de sucre qu’on coule en petites tablettes rondes.

À une bonne journée au nord, je m’arrêtai à une autre ville appelée Mûang-Phrom, dont la population siamoise et lao est de 3,000 âmes. De là, on a une très-belle vue des montagnes qui sont à l’est, à la distance de dix lieues. Ce fut dans une pagode aux environs de cette ville que, dans la chaleur d’une dispute sur la religion, mon catéchiste ayant eu l’imprudence de dire que Buddha était en enfer, les talapoins, furieux, s’armèrent de briques