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agrandi et enrichi par ses successeurs. Après la visite du monument, le Balat nous mena voir un puits profond creusé dans la pierre l’eau, qui en est bonne, suffit même quand il y a affluence de pèlerins. Le prince-abbé est établi seigneur absolu de toute la montagne et de ses environs, à huit lieues à la ronde ; il a quatre ou cinq mille hommes sous ses ordres, et il peut les employer comme il lui plaît au service de son monastère. Le jour que j’étais là, on lui apporta, de la part du roi, un magnifique palanquin tel qu’en ont les grands princes. Il eut l’honnêteté de nous faire régaler de son mieux. Je remarquai que la cuisine était faite par une vingtaine de jeunes filles, et on appelait pages la troupe de jeunes gens qui nous servaient ; ce qui ne se rencontre nulle part dans les autres monastères.

Son altesse nous fit loger dans une belle maison en planches et me donna deux gardes d’honneur pour me servir et veiller sur moi, avec défense de me laisser sortir la nuit à cause des tigres. Le lendemain matin j’allai prendre congé du bon prince-abbé, remontai sur mon éléphant, et, prenant une autre route, nous longeâmes le pied de la montagne jusqu’à une source d’eau jaillissante.