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feuilles de bétel, sur l’une desquelles on étend avec une spatule une légère couche de chaux vive rougie par le curcuma, on les enroule de manière à leur donner la forme d’un cigare, puis on coupe en quatre une noix d’arec, on en met un morceau dans sa bouche et on le mâche tout en mordant peu à peu le betel que l’on tient par le bout : on se frotte les dents avec une pincée de tabac à fumer qu’on mâche avec ; bientôt la salive devient couleur de sang, on éprouve une légère ivresse, qui repose la tête et égaie l’esprit. Quand la bouchée d’arec n’a plus de saveur, on se lave la bouche et bientôt après on recommence l’opération. L’usage du betel noircit les dents (ce qui, du reste, est une beauté pour le pays), il corrige la mauvaise odeur de la bouche, et quand il est modéré, il contribue beaucoup à la conservation des dents, comme il les détruit s’il est excessif ou si l’on prend l’habitude de mettre trop de chaux. Les personnes habituées à cette mastication en éprouvent un tel besoin que, en les supposant à jeun, si vous leur donniez le choix entre des aliments et une bouchée de bétel, vous pouvez être assuré qu’elles choisiront de préférence l’arec et le betel. Puisque j’ai parlé du curcuma,