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radeau planchéié, surmonté d’un bâtiment avec un toit en indienne, décoré de guirlandes de fleurs ; on établit l’animal au beau milieu du radeau, et on le laisse flotter en le nourrissant de gâteaux et de cannes à sucre. Bientôt un mandarin, et quelquefois même un prince, avec un cortége de cinquante à soixante barques, une troupe de musiciens et une foule de rameurs viennent à la rencontre de l’éléphant blanc le radeau s’attache à chaque barque ; on le tire avec des cris de joie qui font retentir les deux rives, et l’animal ébahi fait son entrée triomphale dans la capitale, où il est reçu par tous les grands dignitaires et par le roi lui-même qui lui impose un nom ronflant avec le titre de mandarin de premier ordre. Il est conduit en grande pompe à son écurie ou plutôt à son palais, où il trouve une cour nombreuse, des officiers et des esclaves empressés à le servir dans de la vaisselle d’or ou d’argent. Les gâteaux, les cannes à sucre, les bananes et d’autres fruits délicieux avec des herbes choisies lui sont fournis à foison. On garnit ses dents de plusieurs anneaux d’or, on met sur sa tête une espèce de diadème, on se prosterne devant lui comme devant les mandarins. Lorsqu’il va au bain, un officier étend sur