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poules, les canards et quelquefois même les petits enfants, comme cela arriva à Juthia en 1836. Une dame, concubine du gouverneur, habitait une boutique flottante et dormait la nuit, ayant à ses côtés son petit enfant âgé d’environ huit mois. Réveillée par quelque chose de doux et froid en même temps qui lui passait sur les membres, elle appela ses domestiques qui accoururent avec une torche. Quel spectacle ! un boa avait déjà avalé la moitié de son enfant. De suite les gens de cette dame coupèrent en tronçons le vorace animal, qui dégorgea sa proie. L’enfant n’était pas mort, mais il ne survécut que d’un jour.

Le boa n’a pas de venin c’est pour cela qu’après lui avoir tiré la peau, les Siamois l’accommodent et le mangent sans répugnance. On dit que toutes les jonques chinoises nourrissent un de ces reptiles, le regardant comme un ange tutélaire de qui dépendent le bonheur et le salut des matelots et du navire ; c’est pourquoi ils lui offrent tous les jours, avec maintes prostrations, une poule ou un canard que le serpent dévore, et puis il s’en va dormir et faire la digestion dans la partie inférieure de la jonque.

Le serpent appelé trompe d’éléphant atteint