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ment de voir les étangs presque pleins et une quantité de poissons qui sautaient ! « D’où sont donc venus ces poissons ? demandai-je à un laboureur ; hier il n’y en avait pas un. » Alors il m’expliqua comment ils étaient venus à la faveur de la pluie. En 1831, le poisson étant à très-vil prix, l’Évêque de Siam crut bien faire d’acheter une provision de poissons vivants pour son séminaire ; il en lâcha cinquante quintaux dans ses étangs ; mais dans moins d’un mois, les neuf dixièmes s’étaient sauvés à la faveur d’une pluie qui survint pendant la nuit. Ces trois espèces de poissons fuyards s’appellent pla-xòn, pla-duk, pla-mò. Le premier est un poisson vorace, gros comme une carpe ; salé et séché au soleil, il se garde toute l’année ; il est tellement abondant, qu’on l’exporte en Chine, à Syngapore et à Java ; il est reconnu pour être la nourriture la plus saine et la seule convenable dans presque toutes les maladies.

Il y a un poisson qu’on appelle langue de chien ; il a absolument la même forme que la sole ; il s’attache au dessous des barques et fait entendre un bruit très-sonore et même harmonieux, ce qui est encore bien plus frappant, lorsque cinq ou six de ces animaux sont collés à la barque. Le poisson-